mercredi 19 mars 2014

Exercices pratiques de psychogénéalogie, d'Anne Ancelin Schützenberger



 Les résolutions, c'est fait pour ne pas être tenu... Comme celle que j'ai prise de ne rien acheter en voyant l'étal de livres de psycho, à l'occasion d'une conférence. Regarder sans acheter, ce n'est quand même pas compliqué! J'ai bien assez de lectures en retard, pas la peine d'acheter un livre de plus qui va me regarder depuis l'étagère sans que je ne l'ouvre.

 Bon, la résolution a tenu 3 minutes. Mais ce n'est pas bien grave, le livre est très court.

 Après Aïe mes aïeux puis Psychogénéalogie, sur le même thème, Anne Ancelin Schützenberger publie Exercices pratiques de psychogénéalogie. Comme son nom ne l'indique pas, il est destiné non pas à des professionnel.le.s qui voudraient se perfectionner mais à des patient.e.s qui voudraient se livrer à une pré-exploration de leur inconscient familial, avant d'entreprendre une thérapie avec un.e professionnel.e... l'idée étant surtout que ce travail préalable les aide à se méfier des charlatans. Que ce soit dans Aïe mes aïeux, Psychogénéalogie ou même sur son site Internet, Schützenberger invite en effet à se méfier des expert.e.s autoproclamé.e.s en psychogénéalogie, qui n'ont parfois pas de scrupules à utiliser son nom pour renforcer leur crédibilité alors qu'ils n'ont rien à voir avec elle. Là, avant même le mode d'emploi pour débuter un travail sur soi, l'avertissement est limpide : "la psychogénéalogie n'est pas un métier, mais un outil", "les practiciens les plus sérieux sont rares et ne se disent pas psychogénéalogistes", "on peut merveilleusement aider les gens grâce à l'outil généalogique, mais on peut tout autant, par ignorance ou incompétence, leur faire beaucoup de mal en les lançant sur de fausses pistes", "la psychogénéalogie ne résout pas tous les problèmes. Très souvent, en effet, c'est plutôt d'une psychothérapie dont on a besoin".

 Après avoir repris très succinctement les principaux enjeux psychiques du génosociogramme (deuils non faits, loyautés familiales ou "patate chaude" transmise de génération en génération, tabous pesants, le tout pouvant exister sur plusieurs générations, voire être le résultat d'un traumatisme historique -guerre, génocide ou changement de frontières par exemple-, …), l'autrice propose un mode d'emploi dans ses aspects les plus concrets. Plus rapide qu'un génosociogramme, on peut par exemple représenter son atome social : par des points ou avec des allumettes (une petite boîte de 30 allumettes contraint à aller à l'essentiel... donc permet d'identifier l'essentiel), on place sur une feuille des gens, des lieux, des objets, des concepts importants pour nous, sans oublier de se placer soi-même, au centre ou non, au début ou non. Anne Ancelin Schützenberger nous livre son propre atome social, dans lequel figurent, en plus de sa famille proche, des éléments aussi variés que Galilée, Platon, Lapalisse, le lapin qui a mangé les chaussures de sa grand-mère, les sucettes au caramel de Bretagne de son enfance ou encore le massif du Mont-Blanc.

 Le génosociogramme lui-même demande un travail bien plus conséquent ("la psychogénéalogie nécessite une bonne culture générale, une bonne connaissance historique et géographique, voire économique"), qui se fait en plusieurs temps. Il faut commencer par représenter, avec des codes précis fournis dans le livre, les membres de la famille (couple, parents, grands-parents, enfants, cousin.e.s, …), incluant si c'est possible les enfants qui ne sont pas nés (fausse couche, IVG, …), leurs relations, les dates et événements importants qui les concernent, … Les personnes importantes qui ne font pas partie au sens strict de la famille doivent être incluses aussi (personnel de maison -qu'on voit donc, chez soi, au quotidien-, ami.e proche, figure d'autorité religieuse, …), ainsi que les événements historiques. Le tout peut occuper beaucoup d'espace, l'autrice conseille de coller les feuilles ainsi remplies sur un carton à dessin. Trois heures de travail sont en général nécessaire pour faire apparaître de premières pistes de réflexion. Au moment de la réalisation du génosociogramme, ou juste après, quand on s'assoit après avoir fini, il est important d'écouter ses émotions (et aussi d'être attentif.ve à un éventuel rêve la nuit qui va suivre), pour orienter cette réflexion, savoir dans quelle direction chercher (syndrome d'anniversaire -événement qui se répète à un même moment pour des personnes de générations différentes-, tabou familial sur le passé, …). Enfin, un travail de vérification doit suivre, au niveau de ses souvenirs personnels ("le génosociogramme se fait de mémoire... mais avec un téléphone à portée de la main!") puis au niveau des reconstitutions plus lointaines (c'est là qu'une documentation historique peut s'avérer nécessaire -des bases de données sont proposées au dernier chapitre-, et il faut aussi savoir replacer les choses en contexte : un événement honteux n'aura pas le même impact sur la personne concernée dans une grande ville ou dans un village, une grossesse avant le mariage n'est pas vue de la même façon aujourd'hui que ça ne l'était il y a un siècle, ...). Les erreurs identifiées doivent toutefois continuer de figurer en tant que telles sur le génosociogramme, elles sont généralement importantes!

 Ce mode d'emploi express peut être vu comme une introduction à Aïe mes aïeux et/ou Psychogénéalogie, ou être gardé comme pense-bête quand on les a lus. C'est une bonne initiation, synthétique, aux enjeux et aux principes de la psychogénéalogie.

 La résolution a tenu 3 minutes... en même temps on ne va pas non plus en rajouter, j'ai fini par le lire, ce livre, non? En plus il se lit en moins d'une heure. Oui, mais... il s'achève sur une liste de vingt livres! Et ils sont "indispensables", qu'elle dit! Et vu que c'est grâce à elle que j'ai lu, par exemple, Le livre du ça, je sais qu'il faut suivre ses conseils. C'est malin tout ça, les choses auraient été plus simples si j'avais tenu cette résolution.
 
 
Pour les personnes intéressées, les résumés de quelques uns des livres conseillés: 

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